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CHRONIQUES D’UN PROFESSEUR DE FRANÇAIS :

Avez-vous déjà entendu parler du CECRL ?

PASCAL MILARD

Professeur de français à l’Alliance Française de La Haye

Il s’agit du cadre européen commun de référence linguistique, certains l’appellent « la Bible des professeurs de langues » car il contient l’essence même de ce qui détermine tout apprentissage linguistique.

 

Vous avez sûrement une petite idée de ce que les niveaux A1, A2, B1, B2, C1 et C2 peuvent signifier. C’est le CECRL qui a déterminé ces niveaux linguistiques pour toutes les langues européennes en 2001 lors de la première parution de cet ouvrage d’environ 200 pages au format A4 (une bonne lecture pour l’hiver !)  Avant ça, chaque pays choisissait lui-même sa propre gradation d’une progression linguistique en fonction de critères et de niveaux d’attente qui pouvaient souvent variés d’un pays à l’autre.

On peut aisément comprendre que si l’Europe souhaitait une union politique, économique et sociale, il fallait avant tout partir sur des bases cohérentes pour déterminer nos moyens de communication.

Une chose qui peut paraître évidente aujourd’hui mais qui ne l’était pas encore parfaitement au début du XXIe siècle. Encore faut-il rappeler que cet ouvrage a mis plus de 20 ans à être conçu par des centaines de chercheurs, linguistes et autres experts. 

 

Il s’agissait à l’origine de trouver ensemble des références claires pour déterminer à quel niveau de compétences linguistiques se situait un locuteur. Chose essentielle pour mieux appréhender toute forme de dialogue. Imaginez par exemple deux diplomates de pays et de langues différentes qui se rencontreraient et utiliseraient une langue

tierce pour se comprendre. Supposez que chacun de leur côté ait appris cette même langue mais avec deux systèmes d’évaluation totalement différents. Il y aurait de grandes chances pour que l’un d’entre eux se retrouve totalement ridicule face à l’autre. On peut imaginer que cela est arrivé plus d’une fois !

 

Bien évidemment, le CECRL n’a pas été créé uniquement pour éviter toute forme de vexation diplomatique. Il a permis, avant tout, de donner aux Européens une plus grande motivation de connaître la langue du voisin en sachant mieux quels sont ses objectifs d’apprentissage avec des étapes de progression bien établies sur des savoir-faire concrets. Cette idée rejoint bien les prérogatives de l’Union européenne et, en particulier, son principe d’intensification des échanges entre les peuples du continent autour de concepts communs. Il ne faut pas oublier aussi tout l’intérêt que ce document peut avoir pour les professeurs de langues que ce soit en contexte d’apprentissage scolaire ou dans une formation continue pour adultes. Pour reprendre une expression maritime, le CECRL donne l’opportunité aux profs de ne plus seulement « naviguer à vue » et de mettre en place un programme adapté à un cadrage très clair avec des outils très explicites, comme une échelle de valeur intégrant les différentes compétences et habiletés à maîtriser pour atteindre tel ou tel niveau.

 

À rebours, aujourd’hui quand vous connaissez votre niveau de français lié au CECRL, vous pouvez très concrètement l’adapter à des choix de vie déterminants pour vous. J’ai un niveau B1, je peux choisir d’aller vivre en France en pouvant me débrouiller dans les situations courantes et quotidiennes. J’ai complété mon niveau B2, je peux prétendre à travailler pour une organisation internationale qui compte le français parmi ces langues d’usage. Cela porte bien son nom,

il s’agit de donner aux Européens des référents communs afin de mieux se comprendre et évoluer dans le même sens.

Les diplômes et certifications qui en découlent et sont reconnus par toutes les institutions et entreprises, valorisent tous les efforts d’apprentissage et prouvent sur votre CV qu’une langue apprise est bel et bien maîtrisée et que vous n’êtes pas simplement en train de dire que votre niveau dans cette langue est OK, correct, je me débrouille, etc.

 

En conclusion, on peut admettre que jamais auparavant un livre n’avait à ce point-là analysé les aspects communs à toutes les langues concernant la construction d’un savoir linguistique et donner à toutes ces langues une valeur identique tout en respectant leur caractère unique. Il s’agit de la somme de toutes les connaissances sociolinguistiques cumulées et placées dans un effort, une « foi » partagée pour que chacun d’entre nous puisse se situer dans ce monde interconnecté. C’est un point de repères qui nous place tous sur la même plate-forme sur laquelle nous évoluons tous avec les mêmes critères de progression, sans chercher à valoriser une langue plus qu’une autre. Il faut savoir notamment que la langue des signes pour les sourds et malentendants intègre les niveaux du CECRL pour son apprentissage.

 

Pour en savoir plus sur ce cadre européen commun de référence linguistique, veuillez suivre le lien suivant https://www.coe.int/fr/web/common-european-framework-reference-languages

 

ou même si vous voulez vous pouvez télécharger gratuitement ce livre ici. https://rm.coe.int/16802fc3a8

 

À noter que cet ouvrage propose de nombreux outils d’évaluation qui, au-delà de grilles utilisées pour des diplômes officiels comme le DELF ou le TOEFL, propose aussi un moyen d’auto évaluation très efficace nommé Dialang. Si vous voulez en savoir plus et vous tester vous-même, cliquez sur le lien suivant. https://dialangweb.lancaster.ac.uk/

 

Dans un prochain article, nous aborderons cette notion de l’auto-apprentissage et de son efficacité actuelle.

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